La légende des naufrageurs de l’île d’Oléron est bien tenace.
une légende selon laquelle les Oléronnais avaient la mauvaise habitude de faire échouer les navires pour les piller. « Ces gens de sacs et de cordes accrochaient au cou de leurs ânes des petites lanternes que les navigateurs prenaient au loin pour un autre vaisseau », raconte Philippe Couteau aux touristes au pied du phare de Chassiron.
« Pensant être à bonne distance de la côte, ils se rapprochaient du rivage et s’échouaient. » Leur cargaison était alors méthodiquement pillée et les passagers éventuellement massacrés.
Selon l’historien Thierry Sauzeau, professeur spécialiste de l’histoire maritime, on a bien retrouvé des écrits du XIIIe siècle relatant cette légende et les méfaits de ces « larrons de la mer peu dignes de confiance ». Mais aucun document n’atteste de faits réels. « Les capitaines auraient pourtant eu intérêt à raconter cette histoire pour se dédouaner de la responsabilité du naufrage », explique Thierry Sauzeau.
Après un naufrage, l’administration maritime locale venait constater les dégâts, interroger le capitaine et les naufragés ainsi que les habitants de l’île, suspectés de pillages. Tous ces interrogatoires ont été consignés par écrit depuis le milieu du XVIIe siècle. « Or, dans les procès verbaux, on ne trouve aucune trace de naufrageurs. » Des pillards, pour sûr. Des détrousseurs de cadavres, certainement. Mais ni naufrageurs, ni égorgeurs.
Il semblerait, au contraire, que les habitants de l’île portaient secours aux rescapés. « Par charité chrétienne, par solidarité entre gens de la mer ou, de façon plus pragmatique, pour obtenir des informations sur la cargaison perdue en mer. »
Du vin, du sucre, du tissu et même du bois ou du goudron, toutes ces denrées constituaient de précieuses ressources pour les îliens qui en manquaient.